Aujourd’hui, nous vous proposons une courte missive émise par le bureau de Todd Steven Luikart concernant un groupe secret, et quelque peu louche, connu sous le nom de Serres de Verena. Ce groupe peut être utilisé durant vos parties de plusieurs façons. Si vous envisagez de lancer une nouvelle campagne, ils fournissent un cadre inhabituel à partir duquel créer un groupe de Personnages. Ils proposent aussi un allié utile, bien que brutal, pour les Personnages écrasés par la botte des autorités de celles déjà en cours. Enfin, leurs moyens et leurs méthodes en font un ennemi dangereux pour les Personnages qui, à tort ou à raison, sont accusés d’avoir échappé à la justice « conventionnelle ».
Les Serres de Verena illustrent le côté obscur de la justice du Vieux Monde, et plus d’un paysan doit sa vie à leur intervention opportune, bien que sanglante. Elles pourraient vous être utiles, à condition que vous les trouviez…
Les Serres de Verena
« Vous ne vouliez ‘aucun mal’, mon Seigneur ? Alors pourquoi cette femme est-elle morte ? Épargnez-moi ces larmes hypocrites qui ne la rendront pas à sa famille. Pas plus que ce que nous allons vous faire, en vérité, mais au moins, justice sera rendue. »
Ebore Mader, la Rose de Minuit
Dans le Vieux Monde, la justice est un luxe que les pauvres ne peuvent généralement pas s’offrir. Un citoyen aux moyens limités arrêté pour un vol, même minime, risque d’être sévèrement puni, tandis que les nobles et les riches meurtriers peuvent facilement s’en tirer, du moins tant que leurs victimes proviennent de rangs sociaux inférieurs. Même lorsque les riches sont effectivement pris en flagrant délit, ils sont rarement punis et ne reçoivent que des amendes des plus symboliques, à condition que leur infraction ne constitue pas une hérésie trop visible. Nombreux sont ceux qui pensent qu’il s’agit simplement du fonctionnement normal du monde. En effet, certains croient que toute tentative de changer cet « ordre des choses » est séditieuse.
Les Serres de Verena pensent le contraire. Fondées pour veiller à ce que justice soit rendue et pour aider ceux qui ont été injustement accusés, les Serres existent pour mettre en lumière les crimes et infliger des punitions appropriées à ceux qui ont transgressé la loi. Ses membres font de leur mieux pour aider les innocents, quel que soit leur rang social, et ont même, à l’occasion, sauvé d’honorables petits nobles des déprédations d’autres de plus haut rang. Les Serres concentrent leurs efforts sur la punition d’individus qui utilisent leur pouvoir ou leur richesse pour masquer leurs crimes et agissent comme s’ils pensaient ne jamais avoir à faire face aux conséquences de leurs ignobles méfaits.
De nombreuses histoires fantastiques courent sur la tragédie, ou la violation épique de loi, qui a entraîné la création des Serres de Verena. L’une d’entre elles conte celle d’une cordonnière dont la famille a été massacrée pour le plaisir par des nobles sans scrupules à cause d’un clou qui dépassait dans une chaussure. Elle s’est engagée à mener une vie de vengeance éternelle en prêtant un serment sacré dans un temple de la déesse de la Justice. Une autre suggère que les Serres ont été fondées par un groupe de paysans, afin de traquer un marchand qui s’était arrangé pour que la population de plusieurs villages meure de faim, et après avoir déclaré que leur mort était « financièrement préférable ».
Les quelques érudits qui en savent plus que les histoires fictives sur les Serres prétendent que la Tilée est leur pays d’origine : il s’agit pourtant d’une pure conjecture, longtemps obscurcie par les traditions orales de ce groupe clandestin. Les Serres ont toujours travaillé dans l’ombre car, ironiquement, mais sans surprise, leurs activités sont extrêmement illégales. Ceux qui ont une connaissance approfondie de la loi ou de la théologie savent qu’il s’agit d’une secte officieuse de l’Ordre vérénéen de la Lumière éternelle, qui la désavoue publiquement, mais la soutient très probablement en secret. Le symbole des Serres de Verena, que l’on aperçoit rarement, est une patte de chouette stylisée, trois griffes acérées se refermant sur une lame courte, avec la quatrième griffe, cassée, sortant par dessous. La rumeur veut que l’on puisse diriger leur colère en laissant des récits détaillés des crimes subis, sur du parchemin et marqués de leur symbole, dans certains temples de Verena ou dans l’une des rares forteresses des Chevaliers de la Lumière éternelle.
Plusieurs contes populaires prétendent que seul un fou ferait appel aux Serres à la légère, car les histoires abondent sur la terrible vengeance qu’elles ont exercée sur ceux qui les ont invoquées sans raison valable. On raconte que le prix de leurs services varie énormément, mais il est généralement adapté aux moyens du demandeur. Certains sont simplement invités à leur rendre service à l’avenir : peut-être leur demandera-t-on d’héberger quelqu’un chez eux, en tant qu’invité d’honneur pendant quelques semaines, sans poser de questions, ou on peut leur confier un message devant être livré à un certain endroit, à une certaine heure et sans faute. D’autres, particulièrement des riches, ayant bénéficié des services des Serres, peuvent devoir mettre à disposition un bateau prêt à lever l’ancre, et livré ensuite à la secte, ou plus simplement une grosse bourse de couronnes d’or.
Certains disent que ceux qui doivent à Verena une pénitence pour leurs transgressions, en particulier ceux qui ont les moyens d’aider les Serres à réparer une injustice, peuvent, à l’occasion, leur être « affectés » pour une mission particulière, afin de les aider à obtenir le pardon de la déesse. Aucun prêtre de Verena ne l’admettra jamais, mais des rumeurs persistent dans certains milieux.
Les membres des Serres de Verena sont dévoués à leur cause et ne semblent guère, jusqu’à une certaine limite, dissimuler ce qu’ils sont. Sous le couvert de l’incognito, leurs actes peuvent être qualifiés d’« héroïques », mais si les autorités impériales mettent la main sur eux, ils seront exécutés : non seulement leurs activités sont « criminelles », mais vous devriez savoir autre chose sur les Serres…
Ce sont tous des hérétiques repentis : d’anciens meurtriers en série, cultistes, mutants dissimulés, et pire encore. Les Serres constituent un groupe spécial de prêtres de Verena usant de tout un panel de rituels qui leur permet de deviner quand quelqu’un se repent vraiment de ses crimes et souhaite les expier. Le prix de cette rédemption, de ce sauvetage au sens littéral (de la potence ou du bûcher) ou spirituel, est de consacrer le reste de sa vie à la Justice et à la cause des Serres. Lors du rituel final d’intronisation d’un pénitent en leur sein, on prétend que Verena elle-même s’adresse mentalement à lui :
« À compter de ce jour, tu es à moi, maintenant et pour toujours. Tu serviras la Justice jusqu’au jour de ta mort, lorsque mon époux te prendra entre ses bras et que tu connaîtras enfin la paix. Alors, seulement, tu seras vraiment pardonné. »
TS Luikart.